jeudi 26 mars 2020

Bicentenaire de Monseigneur de Merode (1820 -1874) - Son portrait vu par ses contemporains - Hommage aux héros des épidémies

Je remercie infiniment le Marquis de Trazegnies pour sa très aimable et sagace relecture.

Il y a exactement deux cents ans naissait un saint homme et un homme d'action,
 Monseigneur Xavier de Merode, officier, puis ministre et archevêque.

La tragique épidémie de coronavirus Covid-19 n'a pas permis de fêter ce bicentenaire comme il se doit au jour ad hoc. A cause des directives drastiques de confinement, j'ai choisi de rendre hommage à Monseigneur de Merode par les écrits de ses contemporains, dont la plume est infiniment plus élégante que la mienne. Je dédie cet hommage à tous les héros des épidémies.

Si on détaille les états de service de Xavier de Merode, il faut mentionner qu'il fut capitaine (1847) et chevalier de la Légion d'Honneur (1844). Il a ensuite embrassé une carrière ecclésiastique, mais aussi politique, et il est devenu camérier secret de S.S. le Pape Pie IX (1850), pro-ministre aux armées des États Pontificaux (1859), chanoine de la basilique Saint Pierre (1859), archevêque de Mélitène (1866) et aumônier général. Il est décédé peu avant de devenir cardinal, son nom devant figurer dans la prochaine promotion.

Monseigneur de Merode est né comte Frédéric François Xavier Ghislain de Merode, à Bruxelles le 26 mars 18201.

Il est le fils cadet du Comte Félix de Merode, député et ministre, Félix qui fut un des créateurs de l'Etat belge en 1830 et qui fut pressenti pour le trône de Belgique.

Monseigneur de Merode a pour ancêtres des membres des plus grandes maisons et cours d'Europe, notamment : Nassau, Rubempré, Salm, Croÿ, Montmorency, Hohenzollern par son père, et Noailles, Cossé-Brissac, Beauffremont, Polignac, Saluces par sa mère Rosalie de Grammont ... Et bien d'autres illustrissimes encore. On ne présente plus la maison.

A trois ans, Xavier perdit sa mère, et peu de temps après, son très jeune frère Philippe. Son père se remaria avec Philippine de Grammont, la soeur de la défunte. La grand-mère de Monseigneur de Merode, la marquise de Grammont, s'occupa beaucoup de lui et l'aida dans son apprentissage de la charité.

Xavier était un enfant espiègle et avait beaucoup de répartie. Au collège de Juilly, ses facéties et ses bons mots ont laissé un souvenir amusé2.

Le bulletin mensuel du collège rappelle que même s'il ne fut pas un élève particulièrement brillant, il pouvait se distinguer à l'occasion dans ses domaines de prédilection3.
« Excellent cavalier, il obtint le 17 août 1835 les éperons et la cravache d'honneur dans les exercices équestres qui précédaient chaque année la distribution des prix. Cependant Xavier eut quelques succès en allemand et en mathématiques. En 1837 il remporta même un prix d'algèbre, mais il se garda d'en rien dire. Quand on l'apprit dans sa famille, on lui fit des reproches sur son silence. Il répondit que rien n'est plus naturel, ayant entendu dire que ceux qui avaient des prix n'étaient souvent que de futurs imbéciles... »

Un collaborateur d'Alphonse Daudet, le journaliste et écrivain Pierre Véron, décrit l'homme adulte de façon très imagée dans Le Charivari4  :
« Au physique, M. Xavier de Mérode est grand, mince, sec, flexible jusqu’à être serpentin. Il a le nez aquilin et profondément saillant. Ce nez qui rappellerait peut-être celui de ce père Aubry que Chateaubriand a placé dans Atala, donne, dit-on, toute la clé de son caractère. (...) Les yeux sont noirs, pétillants et suffisamment spirituels. Quant à la voix du monseigneur, ce n’est plus celle d’un homme habitué à dire à une escouade de dragons ou de chasseurs : «Allons, tonnerre de d..., mes enfants, enfoncez-moi ce carré-là avec vos lattes ou bien prenez-moi cette redoute.» Non, ce serait plutôt la voix de chattemite que Victor Hugo prête dans Notre-Dame de Paris à maître Jehan Charmoluc, procureur du roi en cour d’église. Il ne s’y trouve que des cordes tendres, des demi-tons, des inflexions angéliques. C’est cette voix-là qui a donné saintement le signal de la bataille de Castelfidardo. A voir aujourd’hui Mgr l’archevêque de Mélytène malade, buvant avec componction de l’eau ferrée aux sources de Pougues (Nièvre), qui croirait que l’ex-ministre de Pie IX ait été jadis, en Belgique et même à Biskara, un joyeux compagnon de chambrée, ce qu’on appelle un loustic de régiment ? (...) le futur ministre du pape cultivait l’esprit jusqu’à la pointe et n’était pleinement satisfait que lorsqu’il avait l’heureuse chance de rencontrer le calembour. Tout passe. A cette ardeur juvénile pour la blague de bivouac ont succédé des pensées plus graves et les protocoles diplomatiques. »

D'après ses interlocuteurs, Monseigneur de Merode était en réalité très humble et vertueux. Nous en avons le témoignage de l'écrivain et diplomate Henry d'Ideville :5
« Nous avons eu l'honneur de connaître de près Mgr de Mérode à Rome en 1869 et de passer avec lui bien des heures en conversation intime. Il était d'humeur gaie, grave dans ses discours et d'une admirable vertu. S'étant laissé aller dans la chaleur de la conversation à quelques phrases peu mesurées, nous nous permîmes de lui en faire quelques observations. Il les accepta sans difficulté, avec une édifiante humilité ; c'est à ces traits que l'on reconnaît les saints, et celui-là devait en être un. »

Cette vertu ascétique et cette humilité se percevait aussi dans l'ameublement de son appartement au Vatican, comme le dépeint l'officier et homme de lettres, Léon Massenet de Marancour :6
« Une table en chêne ouvré, quelques chaises garnies en crin, d'immenses cartes stratégiques d'un travail exquis, de lourds dossiers, des livres, des journaux, çà et là répandus sur le parquet, l'Indépendance, le Monde, le Figaro, la Gazette, le Siècle, la Revue des Deux Mondes, le Charivari, M. de Mérode sait tout, voit tout, lit tout. »

Sa chambre, entre le militaire et le monacal, était encore plus dépouillée que son cabinet, suivant le même auteur7.
« Tandis que vous feuilletez l'album, le ministre a disparu dans la chambre à côté. Vous jetez involontairement un regard indiscret, et vous apercevez, à la lueur de deux petites lampes suspendues aux côtés d'un christ en ivoire, une planche sur deux tréteaux en fer, sur cette planche un mince matelas, mal dissimulé par une simple couverture. C'est le lit de Monseigneur de Mérode »
Rien à voir avec la somptueuse « chambre Monseigneur », au château de Rixensart, où Xavier de Merode se reposait lorsqu'il s'y rendait.

Sa bravoure et sa générosité se sont encore confirmées par son comportement exemplaire lors de la grande épidémie de choléra de 1854.
« Son dévouement et son courage se révélèrent dans toutes les circonstances.
Le choléra sévissait d'une façon terrible à Rome en 1854; ce fut pour Mgr de Mérode une nouvelle occasion d'en faire preuve, en exposant sa vie avec autant de simplicité que d'abnégation. Il parcourait les hôpitaux tout le jour, soignant les malades avec une ardeur, un entrain, qui remplissaient de stupéfaction la cour pontificale. — Le Pape visita alors plusieurs hôpitaux et couvents, toujours accompagné de son inséparable Mérode. — Sa Sainteté ayant appris que l'hôpital militaire français de Saint-André était le plus éprouvé de tous, et le véritable foyer de l'infection cholérique, fit prévenir de sa visite l'abbé Bastide, l'aumônier de l'hôpital. Le Saint Père arriva à trois heures, en grand équipage, devant la porte de Saint-André, suivi de sa maison. Mais, soit qu'ils eussent obéi à l'ordre de Pie IX, soit qu'ils se fussent excusés, les personnes de la suite restèrent en voiture. Le Pape pénétra seul avec Mgr de Mérode, qui précisément lui avait conseillé cette visite, et ils s’arrêtèrent auprès du lit de chaque malade. La visite fut longue et eut de très heureux résultats, en réconfortant le moral de nos pauvres militaires.
Pendant ce temps, les équipages de la cour pontificale attendaient sur la place du Quirinal, et, lorsque le Pape remonta en voiture avec son fidèle Mérode, la suite se trouva beaucoup plus rassurée. Le lendemain, le cardinal Antonelli, qui n'avait pas été consulté au sujet de la promenade de la veille, dit devant Sa Sainteté à Mgr de Mérode : « Dieu permettra sans doute que le Saint-Père échappe à la contagion; mais cette visite était bien imprudente, Monseigneur; songez quelle responsabilité pèserait sur nous s'il arrivait un malheur ! - Eh bien, quoi ! reprit le prélat avec sa brutale franchise, et après? Le Saint-Père a accompli son devoir de pasteur, voilà tout ! S'il eût été frappé par le mal, quelle mort plus glorieuse et plus belle lui souhaiteriez-vous ! » Le Pape reprit en riant : « Eh ! eh ! Éminence c'est qu'il dit bien vrai, Mérode; si je mourais ce soir, ne croyez-vous pas que ma mort ne fit grand bien à l'Église ? » »8
Cet extrait est tellement d'actualité en ces temps de pandémie due au coronavirus Covid-19. On songe à l'héroïsme des médecins qui soignent les nombreux malades en dépit de carences en matériel et en effectifs. Et c'est avec ce même héroïsme que Monseigneur de Merode combattait le choléra et soignait lui-même les malades.

Quant à la question de la contagion, il faut savoir que le bacille virgule du choléra n'a pas la même contagiosité que le coronavirus. La contamination du choléra se fait par la consommation de boissons ou aliments souillés et non par des contacts lors de simples visites. C'est en 1849 que John Snow avait publié sa théorie concernant la transmission du choléra par l'eau (en contradiction avec l'ancienne théorie des miasmes, c'est-à-dire de la transmission par l'air). Il est fort probable que Monseigneur de Merode connaissait la polémique sur le sujet, lui qui s'intéressait aux sciences. Monseigneur de Merode estimait qu'il devait faire son devoir et soigner les malades, ainsi que les visiter pour leur remonter le moral. Devoir qui était assorti d'un devoir d'exemple.

La franchise de Monseigneur de Merode était notoire. On en donne l'illustration suivante :
« Le 1er juillet 1866, Mgr de Mérode, nommé archevêque de Mélitène in partibus infidelium, était sacré dans l'église de S'-Pierre. Quelques jours après il était nommé aumônier de sa Sainteté. Dans ces nouvelles fonctions, l'ancien ministre des armes gardait toute l'intempérance de sa franchise. Le Pape lui disait Un jour dans une de leurs promenades : « Vous parlez trop, Mérode, je vais vous fermer la bouche. » « Je ne demande pas mieux, répliquait le prélat, mais vous devriez en même temps me fermer les oreilles. » »9
Un personnage dont l'orgueil fit les frais de cette franchise est le compositeur Franz Liszt10
« Mgr de Mérode fut nommé Elemosiniere, aumônier du Pape. Ces fonctions importantes, et toutes de confiance, le retenaient auprès du Saint-Père. Il n'avait, du reste, jamais quitté l'appartement qu'il occupait au Vatican depuis de longues années.
Cet appartement était fort simple et rempli de cartes et de plans.
Il était contigu à l'appartement de Mgr de Hohenlohe, depuis cardinal, et alors aumônier du Pape.
Lorsque Listz entra dans les ordres et devint l'abbé Listz, Mgr de Hohenlohe, qui avait pour le grand pianiste beaucoup d'affection, l'invita à loger dans son appartement. L'abbé, qui n'avait pas renoncé à sa passion pour la musique, vint s'installer, avec son piano, chez son compatriote. Mgr de Mérode rencontrait fort souvent son voisin, le nouvel abbé.
Un soir, qu'il avait été très-enchanté des récits que lui avait faits le Commandeur de certains épisodes de sa vie artistique, Mgr de Mérode prenant par le bras le nouveau converti : « — Tenez, mon cher Listz, je vous aime, même avec votre piano, et Dieu seul sait cependant ce que me fait souffrir mon bruyant voisin du Vatican! »
Le bon abbé n'était pas habitué à de semblables reproches, mais il offrit béatement au Seigneur cette épreuve, blessure cruelle faite à son ancienne vanité. »
Avoir pour voisin direct un pianiste, n'est pas forcément de tout repos, fut-il le virtuose Franz Liszt.

S'il était généreux avec la Vérité qu'il ne manquait pas de remettre sur son piédestal en toute occasion, Monseigneur de Merode l'était aussi de ses efforts et de son patrimoine.

Son oeuvre est gigantesque..

On citera pêle-mêle en regrettant de ne pouvoir s'y attarder davantage, et sans prétendre à l'exhaustivité  :
  • la création des zouaves pontificaux, un régiment de volontaires visant à défendre l'Etat pontifical
  • l'amélioration des prisons de Rome, notamment sur le modèle des prisons belges, ces améliorations touchant aussi à l'hygiène
  • la fondation de nombreuses écoles, à Rome (par exemple le Collegio San Giuseppe – Istituto de Merode qui existe encore), mais aussi en Belgique, par exemple à Rixensart l'école des filles des soeurs de la Providence et de l'Immaculée Conception, bâtie non loin du château.
  • la construction d'églises, comme l'église Saint François-Xavier à Rixensart (Bourgeois)
  • la rénovation de Rome, en vue de l'assainir comme Paris fut assaini par Haussmann en vue notamment d'éviter des épidémies, et la création d'avenues comme l'ancienne Via de Merode devenue Via Nazionale.
  • des recherches archéologiques, entre autres des catacombes
  • diverses oeuvres de bienfaisance et institutions charitables à Rome et ailleurs.

Avec une telle activité, Monseigneur de Merode ne prenait pas soin de sa santé et se tuait littéralement à la tâche.

C'est en juin 1874 qu'il contracta une mauvaise broncho-pneumonie en visitant les catacombes Sainte Domitille durant les fouilles. Evidemment, on ne peut pas s'empêcher de penser à un coronavirus comme celui qui sévit actuellement.

Il mourut avec un courage extraordinaire et une foi édifiante, dans la nuit du 10 au 11 juillet 1874, après avoir reçu une dernière visite du pape Pie IX.

Comme écrit dans les Annales Catholiques de 1874 : « Il avait vécu en Mérode, et tel il est passé, de ce monde dans l'autre, j'ose dire .avec le courage et les emportements d'une foi invincible; j'ose dire encore que, acceptant la mort, lui souriant même, il s'est jeté dans le ciel, à travers des souffrances et des tortures physiques qui n'ont pu lui arracher, ni un cri, ni un gémissement. »

Rendons-lui donc hommage ainsi qu'à tous les héros des épidémies, que leur foi soit en Dieu ou en l'Homme.

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1Certaines sources comme sa biographie faite par Monseigneur Besson, disent le 20 mars, d'autres le 25 mars
2 A. Reeb, Histoire de la salle des bustes : Monseigneur de Merode in Bulletin mensuel du Collège et de l'Association amicale Collège de Juilly. 25 juin 1910, n°9, pages 18 et 19
3Ibidem
4Pierre Véron (sous le pseudonyme Paul Girard) in Le Charivari du 15 août 1866, Paris, page 2
5Henry d'Ideville, Mélanges – Monseigneur de Merode in Revue de France, Paris,1874, page 210
6 Léon Massenet de Marancour, in "Les échos du Vatican", Martin-Beaupré éditeurs, Paris, 1864, pages 104 et 105
7 Léon Massenet de Marancour, in "Les échos du Vatican", Martin-Beaupré éditeurs, Paris, 1864, pages 109 et 110
8Henry d'Ideville, Mélanges – Monseigneur de Merode in Revue de France, Paris,1874, page 203
9 A. Reeb, Histoire de la salle des bustes : Monseigneur de Merode in Bulletin mensuel du Collège et de l'Association amicale Collège de Juilly. 25 juillet 1910, n°10, pages 9 et 10
10Henry d'Ideville, Mélanges – Monseigneur de Merode in Revue de France, Paris,1874, page 201

dimanche 22 janvier 2017

Le Prince Antoine de Merode éternellement heureux (1953 - 2016)


Le Prince Antoine de Merode
(23 octobre 1953 - 21 décembre 2016)

Cela fait un mois que mon amour est mort. Qu'il est dans le froid glacial d'un cercueil en zinc capitonné de blanc, au fond de la crypte de son château de briques roses. Ce grand caveau à la porte ovale qui était contre son appartement et duquel a parfois suinté un liquide épais et brunâtre, comme un succédané d'ectoplasme. Une simple remontée d'eau dans le château ou bien ses ancêtres qui venaient nous retrouver ?

Entrée vers la crypte du château de Rixensart

Antoine, mon merveilleux, mon sublime Antoine. L'être le plus charmant de la terre, le plus doux, le plus drôle, le plus tendre ...

Antoine qui avait tout pour lui : beau, riche, intelligent, très intelligent même, d'une séduction folle, et bien sûr prince, bon prince, grand prince. Authentique prince allié à toute la haute noblesse, à toutes les cours d'Europe. Parmi ses ancêtres, on retrouve tant de grands esprits et de grandes personnalités.

Il y a évidemment son quadrisaïeul, le Comte Félix de Merode (1791-1857), député et Ministre d'Etat, qui fut un des artisans de la Belgique de 1830, en étant membre du Gouvernement Provisoire et en ayant fait partie de la délégation qui est allée proposer le trône de Belgique à Léopold de Saxe-Cobourg.
Félix, à qui aussi avait été proposé le trône de Belgique, qu'il déclina...
Félix, dont on retrouvait les traits sur le visage d'Antoine.


Le Comte Félix de Merode

Plus avant, le feld-maréchal Jean-Philippe Eugène de Merode Westerloo (1674-1732), qui combattit Louis XIV, lequel se trouvait être un autre ancêtre d'Antoine de Merode. Car Antoine de Merode descend à la fois par son père et par sa mère de Louis XV, donc aussi de Louis XIV et de presque tous les rois de France, sans oublier le Régent, et se trouve également apparenté à toutes les dynasties européennes.
 Le Feld-maréchal de Merode par van Schuppen


Louis XV, ancêtre d'Antoine de Merode par son père et par sa mère

En plus des gènes de ces grands politiques et militaires, Antoine avait également reçu ceux de brillants esprits.

L'auteur des « Maximes », le Duc de La Rochefoucauld, François VI (1613-1680) est son ancêtre à la douzième génération. Quelques Maximes :

«15 - La clémence des princes n'est souvent qu'une politique pour gagner l'affection des peuples. » ;
« 28 - La jalousie est en quelque manière juste et raisonnable, puisqu'elle ne tend qu'à conserver un bien qui nous appartient, ou que nous croyons nous appartenir; au lieu que l'envie est une fureur qui ne peut souffrir le bien des autres. »  ;
« 29 - Le mal que nous faisons ne nous attire pas tant de persécution et de haine que nos bonnes qualités. » ;
« 46 - L'attachement ou l'indifférence que les philosophes avaient pour la vie n'était qu'un goût de leur amour-propre, dont on ne doit non plus disputer que du goût de la langue ou du choix des couleurs. » .


 François VI, Duc de La Rochefoucauld

Toujours par son arrière-grand-mère Amélie de La Rochefoucauld, Antoine de Merode descend aussi d'un autre Duc de La Rochefoucauld, François XII (1747-1827) qui fut membre et président de l'Assemblée constituante (1789), qui créa l'École des Arts et Métiers et fut propagateur de la vaccine en France. Il est aussi bien connu pour avoir répondu à la question de Louis XVI (le 12 juillet 1789) "C'est une révolte ?" : "Non, Sire, c'est une Révolution".


 François XII, Duc de La Rochefoucauld

D'autres hommes des Lumières figurent parmi ses ancêtres. Il y a par exemple le Duc de Noailles, Jean (1739-1824), qui fut militaire et chimiste. Malheureusement, suivant le courant de l'époque, le Duc fit profession d'irréligion et de scientisme, qualifiant l'homme de « moisissure » et proclamant l'inexistance de l'âme. En revanche, son épouse, Louise d'Aguesseau, très pieuse, fut guillotinée sous la Révolution.

Louise d'Aguesseau, Duchesse de Noailles
Victime de la Révolution

Antoine descend également de Claude-Adrien Helvétius (1715-1771), autre figure des Lumières, issu d'une famille de très riches médecins, et qui était fermier général et philosophe. Quelques phrases et vers de sa plume :

"La discipline n'est pour ainsi dire que l'art d'inspirer aux soldats plus de peur de leurs officiers que des ennemis" (De l'esprit, 1958) ;
"Quels vents impétueux, ô puissante Sagesse,
De l'île du Bonheur me repoussent sans cesse !
Que d'écueils menaçants en défendent les bords !" (Le Bonheur, Chant I, 1773)
"L'art du politique est de faire en sorte qu'il soit de l'intérêt de chacun d'être vertueux" (notes, maximes et pensées) ;
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Claude-Adrien Helvétius

Antoine en descend par sa fille Adélaïde Helvetius qui était considérée comme une des beautés de l'époque et dont on a un très joli portrait peint par Madame Vigée-Lebrun.
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Adélaïde Helvétius, Comtesse d'Andlau

Encore un ancêtre intéressant fut le Marquis de Ségur (dont un des petits-fils avait épousé Sophie Rostopchine, la fameuse Comtesse de Ségur, auteur de livres pour enfants). Louis-Philippe de Ségur (1753-1830) était d'orientation libérale, officier de la Révolution américaine (comme Lafayette), diplomate, homme politique, historien, poète et aussi chansonnier et goguettier, membre de l'Académie Française. Il a laissé beaucoup de pensées intéressantes qui sont devenues des classiques, comme par exemple :

« Avec de l'amour et de la persévérance il ne faut désespérer de rien » (Galerie morale et politique, 1816).
« Sachez vous respecter vous-mêmes, et personne ne vous fera rougir. » (Le respect,1816)
« Hélas ! nous avons si peu de jours à passer sur la terre, ne les perdons pas à nous haïr. »(La reconnaissance,1816)
« L'un des premiers devoirs pour celui qui donne est d'oublier ce qu'il a donné, et, pour celui qui a reçu, de s'en souvenir et de le publier. »(La reconnaissance,1816)
« L'amour doit éclairer nos jours à leur déclin, comme il enflammait notre aurore : Si vous n'aimâtes jamais, aimez, aimez demain ; Si vous avez aimé, demain aimez encore. »(L'amour, 1816)
« Une femme qui veut garder son mari, et ou son amant, doit varier sans cesse ses moyens de plaire ; on en est venu au point de ne pouvoir aimer longtemps la même personne, à moins qu'elle n'ait le secret de ne pas se montrer toujours la même, et c'est là un des tristes avantages que la corruption des mœurs donne à l'art sur la nature, et à la coquetterie sur la vertu. »(L'ennui,1816)
« Si vous voulez changer vos malheurs en bonheur véritable, jouissez et profitez du présent, remerciez les dieux au lieu de constamment les accuser, et surtout grandissez et fortifiez votre âme. » (Le malheur, 1816)
« Le cœur a ses secrets pour guérir les blessures qu'il reçoit. » (Le malheur, 1816)
« L'adversité qui abat les cœurs faibles, grandit les âmes fortes. » (L'adversité, 1816)
« La vieillesse de l'égoïste est triste ; il n'a ni compagnon, ni successeur, ni espoir. Il remplit maussadement son cercle étroit, comme le limaçon sa coquille ; le passé est pour lui un vide, le présent un désert, et l'avenir le néant. » (La vieillesse, 1816)
« Sans union, il ne peut exister ni force ni esprit public. » (Les femmes, 1816)
« La vie des morts consiste dans le souvenir des vivants. » (Le dernier âge, 1816)
« Une partie de la vie se passe à mal faire, une autre partie à ne rien faire, la presque totalité à faire autre chose que ce qu’on devrait faire. » (Le temps, 1816)

Une série d'assertions bâties sur le mode binaire ou ternaire, combinant humour, morale et clairvoyance.
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 Louis-Philippe Marquis de Ségur
La Révolution Française a fait des ravages chez les aïeux du Prince Antoine de Merode, car pas moins de quinze d'entre eux en furent victimes. Pour en citer quelques uns, on y retrouve notamment : le Duc de Clermont-Tonnerre (1720-1794), le Marquis de Lur Saluces (1731-1793), Catherine de Cossé-Brissac (1724-1794), le Duc de Brissac (1734-1792), Malesherbes (1756-1794).
Un autre ancêtre remarquable fut le Marquis de Lur Saluces, Eugène (1852-1922), militaire, monarchiste, qui participa au coup d'état manqué de Déroulède.
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Le Marquis de Lur Saluces
Antoine de Merode descend également de Colbert, de Vauban et du compositeur Lully.
Avec un tel patrimoine de gènes, Antoine ne pouvait qu'être quelqu'un d'exceptionnel...
Beaucoup voudront savoir s'il était aussi parent de la belle Cléo de Merode (1875-1966). Forcément, oui, mais de façon plus proche qu'on ne le pense. C'est là qu'Antoine m'a confié un secret de famille qui mérite d'être un peu dévoilé (seulement un petit coin du voile), Cléo était née d'une mère Merode (de la branche autrichienne) mais aussi d'un père Merode belge et assez proche parent d'Antoine (là où je garde le secret, c'est sur son identité exacte). Ceci explique probablement pourquoi certaines jeunes filles Merode de Belgique ressemblent tant à Cléo.  Cléo de Merode était danseuse mais absolument pas une courtisane comme Liane de Pougy ou la belle Otero. Et pour cause, en 1950, Cléo de Merode a gagné un procès contre Simone de Beauvoir, qui l'avait erronément assimilée à une « cocotte » dans son essai Le Deuxième Sexe.
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Cléo de Merode

Antoine de Merode était très fier des Marquis de Lur Saluces (sa mère était née Lur Saluces) et de leur domaine viticole bordelais, le Château d'Yquem. Le Château d'Yquem est le seul sauternes classé premier cru supérieur et il est considéré comme le meilleur vin liquoreux qui soit. Il est inscrit aux Monuments Historiques depuis 2003.
Anecdote piquante, dans le film « Papy fait de la résistance », il y a une séquence où l'on voit une bouteille posée sur une table se faire vider par le culot. La bouteille en question est une bouteille de Château d'Yquem.
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 Extrait de "Papy fait de la résistance",
la bouteille de Château d'Yquem qui se vide par le culot
Antoine était brillant, amusant et agréable en société et toujours avec énormément de chic et d'élégance. Quelques heures avec Antoine, c'était jouir pleinement de quelques heures de détente et d'amusement. Une vie avec Antoine c'était le bonheur assuré.
Ce qu'il a fait de remarquable entre autres, c'est reprendre la gestion de son château et de son domaine et parvenir à en faire une entreprise rentable. Il avait su gérer les bois avec l'aide d'ingénieurs forestiers, entretenir le parc, restaurer le château et les dépendances avec des architectes et sa mère qui avait beaucoup de goût. Parfois lui-même mettait la main à la pâte et n'hésitait pas à arracher les ronces, tondre les vastes pelouses, grimper aux murs et sur les toits... Il veillait au bon état du château qui était visité régulièrement à la belle saison. Il avait même fait réaliser un jet grouting quand une des façades du château avait commencé à s'affaisser.  Le procédé du jet grouting consiste à créer une colonne résistante formée par l'injection sous haute pression de ciment au sol.
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château de Rixensart,
timbre représentant le château
avec un cachet portant les armes Merode
Il était un grand amoureux de la nature et des animaux. Il aimait aussi la chasse et était très sportif. Il était très fier du magnifique trophée d'un grand cerf qu'il avait chassé en Espagne. Néanmoins, comme Saint Hubert, il a changé d'avis sur la chasse le jour où il vit un tableau de chasse avec des canards cloués dessus dont une petite canette crucifiée qui vivait encore. De ce jour, il n'a plus voulu chasser et a pensé même interdire la chasse aux canards sur ses terres.
Il adorait les chiens et il était très proche de ses labradors qu'il considérait presque comme ses enfants.
Il aimait voyager et gardait de très bons souvenirs de ses séjours au Portugal et en Afrique.
Il avait aussi des souvenirs extraordinaires de sa petite enfance. Il racontait qu'une institutrice venait donner cours à domicile et qu'elle attendait respectueusement qu'il sorte de son lit le matin, qu'il ait terminé sa toilette et pris son petit déjeuner avant de commencer ses cours qu'il suivait avec d'autres membres de sa famille. Il vivait avec son frère, ses deux soeurs et six de ses cousins germains dans les dépendances du très beau château de Rixensart. Une enfance heureuse au grand air au milieu d'enfants de son âge.
Une histoire cocasse datant de sa jeunesse. Il s'était mis avec quelques proches à faire une séance de spiritisme dans la fameuse chambre des fleurs du château (ou la chambre Monseigneur ?). A un moment, il y eut un craquement au-dessus de leur tête et un pied apparu dans le plafond. C'était le pied de son frère qui s'était amusé à marcher au-dessus de la chambre pendant leur séance. Il se trouvait dans un grenier dont le sol n'était pas aménagé pour qu'on y circule et si on marchait entre les grosses poutres, on était sûr de passer à travers le plafond. Son frère avait tenté d'effrayer la compagnie en marchant au-dessus d'eux mais le résultat avait dépassé ses espérances.
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La chambre des Fleurs au château de Rixensart
On pourrait croire que toutes les bonnes fées s'étaient penchées sur son berceau. Hélas, quelques mauvaises fées oubliées ont dû se venger très durement. Antoine a perdu son père très jeune, à huit ans et n'a jamais eu de beau-père. Il se rappelait avec beaucoup de tendresse son père qui le considérait comme son successeur et avec qui il faisait des promenades pendant lesquelles ils discutaient longuement.
Il a vécu le décès de son père, qu'il disait « la bonté incarnée », comme la fin du paradis terrestre.
Il m'a raconté qu'il avait ensuite été au collège, qu'il a été victime de sévices dans un des collèges qu'il a fréquentés.
A la fin de ses études, il s'était fait ... dératiseur pour se faire un peu d'argent de poche. Son petit amusement de l'époque, c'était consommer lui-même son raticide devant ses clients pour démontrer l'innocuité du produit qu'il utilisait, engendrant forcément des réactions diverses et variées, généralement de surprise, d'affolement et de dégoût.
Il a ensuite travaillé à Paris dans une importante entreprise au service financier et au service commercial d'une autre très grande entreprise.
Ultérieurement, il a quitté Paris pour gérer le château de Rixensart,et il dit y avoir été très heureux.
Hélas, par après, sa vie a été empoisonnée par une erreur judiciaire qu'il a forcément très mal vécue et qui l'a isolé du monde. Erreur catalysée selon lui par sa condition de Prince.  "Ils ont voulu se faire un Prince" disait-il parfois. La révision du procès était prévue et l'absence de "récidive" (si toutefois on peut parler de récidive quand l'acte incriminé n'a pas été commis) fait partie des indices de l'erreur. Les plaintes étaient parfois assez fantaisistes ou tactiques  comme cette plainte pour attentat à la pudeur qui lui avait été faite parce qu'il était sorti nu d'un de ses propres étangs en été et qu'il avait été surpris ainsi par un promeneur sur ses propres terres, alors que ce promeneur n'avait manifestement rien à faire là.
Il a aussi subi des moments très angoissants, comme un cambriolage au château de Rixensart qui a eu lieu en 1999 et au cours duquel il a réagi avec beaucoup de courage, digne des Chasseurs Ardennais chez qui il avait effectué son service militaire comme soldat milicien. Un des cambrioleurs tira dans sa direction, mais il réussit à l'éviter. Il fut tailladé et frappé au visage, il reçu des coups de poings et de pied sur tout le corps et fut finalement ligoté avec une cravate et des menottes. Son frère et sa mère furent également ligotés mais sans toute cette violence. Antoine parvint à se libérer et alerter les secours et fut ensuite hospitalisé à cause de ses nombreuses blessures. En réalité, toute cette agressivité à son encontre a été engendrée par la notoriété apportée à l'erreur judiciaire dont il a été victime et qui a été prise pour argent comptant et même aggravée.

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Le Prince Antoine de Merode durant son service militaire au 1er Bataillon des Chasseurs Ardennais
Jeune, Antoine ne ressentait pas fort l'envie de se marier. Une des principales raisons, c'est qu'il ne supportait pas les très jeunes enfants, qui l'horripilaient. Il n'y a pas réellement moyen de discuter avec eux disait-il. En revanche, il appréciait les jeunes gens et jeunes filles, à partir du moment où ils avaient de l'esprit et que la discussion était amusante. Il s'est d'ailleurs beaucoup occupé de jeunes, que ce soient ses neveux ou les enfants de ses amis, dont il devenait une sorte de second père car en réalité, il aurait bien voulu avoir des enfants (suffisamment grands) et une femme.
Il se disait très attiré par les très jolies femmes, mais, étonnamment, il se sentait très timide, et même bloqué devant elles quand l'enjeu lui paraissait important. Ce traumatisme l'a aussi empêché de trouver l'épouse qui lui convenait étant plus jeune.
Plus âgé, il recherchait de toute évidence une compagne ou une épouse, dont la présence lui paraissait indispensable. Et c'est là que nos routes se sont croisées, et dès la première rencontre, nous avions senti que ce serait pour la vie... Ce fut une relation d'amour et non de dévouement et nous nous échangions beaucoup de « je t'aime ». Nos fiançailles étaient la conséquence logique (nous nous sommes fiancés le 27 novembre 2016 devant témoins et dès le 29, une requête en justice indiquait notre statut de fiancés, la page intéressante étant ici en lien) mais hélas, on ne nous a pas laissé le temps de nous marier, ni même de faire toutes les publications d'usage pour nos fiançailles ...
Ce qui faisait surtout le charme d'Antoine, c'est une espèce de fraîcheur, de juvénilité qu'il a gardée jusqu'à la fin de sa vie. Il était fin, audacieux, rempli d'humour et d'une éloquence rare (il avait une voix magnifique).  Il a toujours gardé quelques intonations d'accent parisien et une certaine gouaille, mais une gouaille élégante et sans méchanceté.

Il était catholique pratiquant, il priait et allait régulièrement à la messe en dépit de ses infirmités.

Ses derniers moments furent très durs et je reste convaincue qu'il n'aurait pas dû mourir ce jour-là. Il avait eu une sorte d'épilepsie comme il en a eu beaucoup et qui se sont toujours très bien terminées, et il en a fait de bien plus graves que ce jour-là. J'estime personnellement qu'il y eut négligence coupable, voire pire...

En effet, il n'y eut pas de longs massages cardiaques, il n'y avait pas de défibrillateur, tout ceci démontre que tous les moyens n'avaient pas été mis en oeuvre pour le sauver. Le médecin a cru bon de dire en guise de condoléances « il est décédé cela valait mieux comme ça » ce qui donne à penser qu'il n'avait pas eu l'intention de le sauver. Point de vue d'autant plus ridicule et criminel qu'Antoine ne souffrait pas beaucoup de ses problèmes de santé et qu'il adorait la vie et sortir.

Un décès qui arrangeait certains...

Je serai éternellement heureux avait-il dit. Et nous bien longtemps très tristes.
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Antoine était un lecteur de BD assidu
et un fervent tintinophile

Sources : Prince Antoine de Merode, Wikipedia, Roglo, monpoeme.fr...

Quelques articles dans la presse :








RIXENSART: UN ILOT FEODAL ? (IV) UNE DYNASTIE DE REGISSEURS-BOURGMESTRES-CATHOLIQUES DEUX PRINCESSES...

  Faire-part officiel et conforme aux dernières volontés du Prince Antoine de Merode

lundi 8 février 2010

Knock-out pour Nothomb

Plusieurs articles ont soulevé la question du vrai prénom, de la vraie date de naissance, du vrai lieu de naissance et finalement, de la vraie biographie de l'écrivain Amélie Nothomb. Mieux, ils ont aussi analysé de façon assez approfondie les raisons de ces falsifications outrancières, comme cet article-ci.

Rappelons que l'écrivaine Nothomb prétend s'appeler Amélie de son prénom (encore qu'actuellement, elle préfère évincer la question, connaissant le résultat que donnerait une enquête approfondie). Elle prétend aussi être née à Kobé, au Japon le 13 août 1967.et avoir débarqué pour la première fois en Belgique vers 17 ans. Or, en réalité, elle s'appelle Fabienne Nothomb et est née à Etterbeek (commune de Bruxelles), en Belgique, le 9 juillet 1966. Elle y a vécu la majeure partie de son enfance, plus particulièrement chez ses grands-parents à Uccle (Bruxelles).

Rappelons aussi que ces mensonges visent notamment à évincer sa tante aînée d'une partie de ses droits en évitant le mécanisme de rapport de donations d'hébergement faites à la mère de l'écrivain, qui a été hébergée pendant vingt ans avec ses enfants chez ses propres parents, en prétendant que l'écrivain a vécu son enfance à l'étranger, comme expliqué ici. Ils visent également à masquer l'échec de la première année d'études de droit de l'écrivain et à lui créer une image publiable mais sans commune mesure avec la réalité. A ce propos, je signale avoir été victime de leurs allégations mensongères et démarches nuisibles, visant à casser ma carrière de juriste, dans le double objectif de réduire à néant mon analyse juridique de l'affaire et de se venger de ma réussite des études de droit, lorsque l'écrivain les a échouées.

Eh bien, j'ai deux nouvelles pièces à verser à ce dossier. Deux pièces qui ne peuvent en aucun cas avoir été falsifiées.

Les multiples mensonges faits, et ce, aux niveaux les plus élevés, imposent la plus grande prudence dans l'analyse des preuves. Donc, seuls des documents antérieurs aux années 80 peuvent servir de preuve irréfutable, tout document postérieur pouvant avoir été truqué en vue de faire accréditer des mensonges. Demander un extrait de l'acte de naissance à la commune (d'Etterbeek ou à Kobé) est encourir le risque d'en obtenir un faux, si l'écrivain est parvenue à corrompre certains administrations. Des faux au plus haut lieu, il y en a toujours eus, et pas que dans les républiques bananières. Parfois pour raison d'Etat, parfois pour des motifs bien moins avouables comme en l'espèce. Je précise qu'aucune preuve falsifiée n'a encore été produite concernant l'enfance et la naissance de l'écrivain, mais cette éventualité n'est pas à exclure de la part d'adversaires sans scrupule.

Les deux documents que nous versons sont donc antérieurs aux années 80.

Nous savons que l'écrivain dite Amélie Nothomb est la fille du Baron Patrick Nothomb, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi des Belges, né à Schaerbeek le 24 mai 1936, et de son épouse, née Danièle Scheyven, à Uccle, le 15 janvier 1938. C'est vérifié partout, notamment sur Wikipedia, par exemple sur la fiche du Baron Patrick Nothomb lui-même.

Partant de ce postulat, il suffit de se référer aux documents officiels publiés antérieurement aux années 80.

Nous avons pu constater que la demoiselle est noble, de noblesse belge, de même que ses deux parents. Or, si tout citoyen voit sa date de naissance et son lieu de naissance bien répertorié au niveau de l'administration, pour une personne de la noblesse, cet enregistrement est encore bien plus suivi. Ainsi, en Belgique, une personne de la noblesse voit sa date de naissance attestée de nombreuses façons :

  • par les faire-part publiés au moment de sa naissance (cartons, publication dans la presse, dont le trimestriel de l'Association de la Noblesse, courriers écrits par les proches)

  • par les généalogies les plus diverses, et plus particulièrement l'Etat Présent de la Noblesse belge, qui fait autorité en la matière.

Ma pièce additionnelle numéro un est un extrait de l'Etat Présent de la Noblesse belge publié en 1979. Cet extrait démontre que le Baron Patrick Nothomb et son épouse, née Danièle Scheyven ont une fille Fabienne, Claire Nothomb née le 9 juillet 1966, mais n'ont pas de fille du prénom d'Amélie, ni même Fabienne-Amélie et n'ont pas de fille née en 1967.

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On pourrait encore me rétorquer qu'une soi-disant vieille erreur a impliqué qu'il existerait des documents erronés, la prétendant née en 1966 à Etterbeek. Ou une autre excuse aussi peu crédible. Eh bien, jouons le jeu et admettons, après tout l'erreur est humaine.

Mais c'est là que ma pièce additionnelle numéro deux coupe court à toute élucubration de ce type. Il s'agit du trimestriel publié en octobre 1966 par l'Association de la Noblesse du Royaume de Belgique, plus précisément, le numéro 87.

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Ce petit livret a été publié en 1966. On ne pouvait, UN AN A L'AVANCE, prévoir la naissance d'Amélie Nothomb en 1967, mais en commettant une double erreur : sur le prénom et sur la date (dont l'année !). D'une part, il existe une publication faite en 1966 qui annonce la naissance de Fabienne Nothomb en 1966 et d'autre part, il n'existe aucune publication en 1967 annonçant la naissance d'Amélie en 1967. La conclusion est évidente : s'il n'existe pas de publication de sa naissance en 1967, mais seulement une en 1966, c'est qu'elle est bien née en 1966.

Peut-être que dans un dernier sursaut de mauvaise foi, l'adversaire rétorquera qu'il existait une Fabienne Nothomb à présent décédée (Dieu que j'ai de l'imagination !), qu'Amélie est en réalité un quatrième enfant.

Mais alors :

  • Pourquoi est-ce que la naissance d'Amélie Nothomb en 1967 n'a jamais fait l'objet d'aucune publication en 1967, et notamment par ce fameux trimestriel de l'Association de la Noblesse du Royaume de Belgique ?

  • Pourquoi le prétendu décès de Fabienne Nothomb n'a-t-il jamais été publié, ni par voie de presse, ni ailleurs, pourquoi n'y eut-il aucun enterrement ? Et quand et où aurait eu lieu ce prétendu décès ?

  • Pourquoi est-ce que toutes les publications officielles, dont l'Etat Présent de la Noblesse Belge, n'évoquent explicitement que trois enfants, jamais quatre ?

  • Où se trouve le corps comme demandait Landru (à mauvais escient en ce qui le concerne), où se trouve-t-elle enterrée si elle est décédée ?

  • Et si elle n'est pas décédée, où se trouve-t-elle ?

On voit bien que ces allégations adverses n'auraient pas tenu la route et se seraient fait démonter par toute enquête un peu sérieuse.

En revanche, les faits que nous présentons sont étayés par bien d'autres preuves, comme les très nombreuses anciennes éditions de bottins mondains belges (High Life et Carnet Mondain), qui indiquent que sa date de naissance est 1966, le mémoire de fin d'études de Mademoiselle Nothomb rédigé sous le prénom Fabienne, son inscription comme auteur à la Sacem sous le prénom Fabienne, et j'en passe et des meilleures.

Donc, CQFD, Amélie Nothomb, qui s'appelle en réalité Fabienne Nothomb est bel et bien née le 9 juillet 1966 en Belgique. Et les raisons de ces falsifications sont décrites dans cet article-ci et celui-là.

Les différents articles antérieurs détaillant notre analyse :

Récapitulatif des principales pièces (il en existe encore bien d'autres) :

- extrait de l'Etat Présent de la Noblesse belge publié en 1979.

- trimestriel publié en octobre 1966 par l'Association de la Noblesse du Royaume de Belgique, plus précisément, le numéro 87


- le livre de Pierre Stéphany "Portraits de grandes familles"

- un extrait de l'High Life de 2000

- la généalogie de Réginald Dumont de Chassart ;
La généalogie mentionne aussi le prénom de guerre de l'écrivaine d'une façon qui prête malheureusement un peu à confusion : on a l'impression qu'Amélie est la soeur de Fabienne alors qu'il s'agit de la même personne avec une seule et même date de naissance


- le catalogue de mémoires de l'ULB Il faut cliquer sur "recherches" et taper "Fabienne Nothomb", car il n'y a pas de mémoire au prénom d'Amélie, uniquement ses romans et des études la concernant).

- la base de données de la SACEM il faut cliquer sur "Accès direct Créateurs Editeurs" :